Psalmodies du cœur.

          La musique commence et c’est l’émotion qui parle. Aux premières notes en transe, dans l’aube d’une histoire, inénarrable fable qui sans cesse se répète, comme aux premiers jours, aux premiers rayons du soleil. Une danse m’appelle, les yeux s’éteignent et un sourire se dessine sur mon visage fané. Au creux d’une valse magique, les cordes me bercent, d’abord doucement, lentement. Mon corps s’efface, mon coeur retrace ses propres contours. Pièce par pièce, un paysage fait de lumières et de sons se compose sur mon chemin. Et une pensée me vient soudain : « Pourquoi n’y glisserai-je pas ? »
         

          Dans ce lit de roses, souvent désir et danger ne font qu’un. Les rêves m’emportent, s’emportent eux-mêmes, toujours plus loin. Tant que rien ne les arrête, ils ne cessent de faire ce qu’un rêve fait de mieux : s’envoler. Les images de ces douces après-midi d’été, ces parfums d’herbe coupée et de pure innocence m’empreignent de nostalgie ; mais je peux continuer à m’enivrer de leur bonheur, tant que mon coeur bat encore ; alors je m’enivre. 

                         Danse irisée. Danse, danse, fais tourner le monde autour de toi, fais-le tourner plus vite que la Terre elle-même. Danse jusqu'à ce que tes pensées reprennent le rythme de ta montre, jusqu'à ce que ton souffle s'épuise, jusqu'à ce que tes os se brisent, danse, oublie tout, ferme les yeux et accroche-toi à la vie parce que c'est la seule vérité qui compte. Quand as-tu cessé de ressentir, quand t'es-tu arrêté sur le bas-côté de ta propre existence ? Tu t'en souviens, au moins ? 

                                        Danse jusqu'à ce que la mémoire te revienne. Danse pour réapprendre le mot "aime". Danse et laisse ce sourire mener ta danse. Danse, danse...

          Au bout du voyage, le ballet s’apaise, j’entrouvre les yeux. Tu es là. Je souris.

               L’étreinte est douce et forte ; l’attente fut longue et morte. Je me laisse abandonner à ta chaleur, à la loi de ta pesanteur. La vie, à ce moment-là, prend tout son sens. 

Tu es là.

 Et je souris, alors, à tout ce que je veux faire avec toi.

          Un matin on se lève, en se disant les mêmes mots que la veille. La petite voix se réveille en même temps que s'ouvrent les yeux, et parle. Elle pose les questions que l'on n'a pas envie d'entendre. Elle parle de destruction, de mort, de vide. Elle parlera, et on l'écoutera, lancinante, comme un fond sonore auquel on ne prête pas vraiment attention. Cette petite voix, celle qui révèle les ombres, qui endort les songes. Elle m'obsède. Je n'ai jamais su comment la faire taire, alors j'essaie parfois de lui répondre, et c'est toujours elle qui gagne lors de nos débats éternels. Elle qui me crie la vérité du monde, qui sculpte avec méthode le coeur sombre qui m'habite. Je n'ai jamais su me défaire de ce qui me façonne viscéralement, juste le découvrir toujours sous d'autres facettes.

Un jour viendra peut-être où tu te tairas, mais ce jour-là, serais-je toujours moi ?

J'embrasserai tes mots.

Laisse-moi t'aider, te tendre la main, laisse-moi être celle qui te sortira la tête de l'eau. Tu n'as pas besoin de ça, vivre les bras croisés, attendre le lendemain matin, il est trop tard, il est déjà trop tard. Ta peau le sent, tes os le sentent, c'est ton corps tout entier qui brûle maintenant, d'envie d'être, d'être. D'exister. Chaque inaction est une petite mort. Laisse-moi parler, te parler, laisse-moi. Tu as trop attendu des autres, comme ce parasite qui bousille l'énergie et la chaleur d'autrui pour son petit confort personnel. Putain mais réveille-toi, bouge-toi le cul et sois celle que tu rêvais d'être il y a cinq ans, deux ans, vingt-quatre ans. Sois. Affronte les dangers, mets-toi dans des situations impossibles, bats-toi pour ce en quoi tu crois, fais illuminer tes valeurs et les bijoux dans ton crâne, laisse ton coeur t'aider à retrouver la foi que tu as perdu en ce monde, en ces gens, ce goût que tu as oublié pour la vie. La vie est cette pomme tombée d'un arbre inespéré. Alors rayonne, fais voir ce que tu as dans le ventre, sois une guerrière, une princesse, une aventurière, illusionne-toi de ces visions qui t'habitent le crâne et deviens l'étoile que tu rêves de voir illuminer le ciel. Illumine celle des autres. Avance, questionne-toi, abrutis-toi d'amour et de coups dans le torse. Le marteau qui résonne en toi est prêt à franchir ce pas. Et si tu es bizarre, étrange, pas dans les normes, tant mieux. Laisse les dire que tu es toi. N'aie aucun regret, aucun remords, apprends à faire confiance, à t'ouvrir, à partager, reprends ce chemin qui t'allais si bien et que tu aimais tant. Donne à tes peurs des contre-exemples et des uppercuts. Aime. Sois. Vis. Tu es fragile mais capable de tant. 

« Faut aimer pour être aimé
Faut donner pour recevoir

Viens vers la lumière, p'tit frère. »

Habiter au bord du vide
Et se confondre
A la lumière placide
De ce monde

Je ne sais pas
Je ne sais plus
Comment y croire
Pourquoi sourire
Pourquoi sortir
Sans rien y voir

Les draps chauds du dimanche matin
La coquille d’escargot sur mon dos
Terne, morne, exténuée
Miroir, miroir, suis-je ce reflet dévasté

Ce trou béant dans ma poitrine
Laisse résonner ma solitude
Dix années passées à la combler
Dix années finir par la retrouver

Se laisser emporter par ce monde
Qui grandit dans mon crâne
Il efface tout sur son passage
Ranimant la flamme

A quoi bon donner, tenter, danser
A quoi bon laisser son cœur battre
La beauté est dans les yeux de celle qui regarde
Celui qu’elle aime

Essayer d’avancer
Se jeter à l’eau
A la vase tiède et molle
De mes ambitions

Pourquoi essayer
Pourquoi avancer
Au fond, est-ce vraiment
Une envie ou celle des autres

Mon envie ou celle des autres